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Le CICRP en action : Les campagnes de restauration de la bibliothèque-musée Inguimbertine à Carpentras

Genèse de la bibliothèque-musée Inguimbertine

La bibliothèque-musée Inguimbertine, située à Carpentras, tient son nom de Monseigneur Joseph-Dominique d’Inguimbert (1683-1757), fondateur de cette institution hybride unique en France.

Après avoir été bibliothécaire du cardinal Corsini à Rome, élu pape en 1730 sous le nom de Clément XII, il fut nommé évêque de Carpentras en 1735. Il y amena sa collection d’ouvrages et d’œuvres d’art diverses, qu’il compléta par de nouveaux achats.

En 1746, la bibliothèque fut ouverte au public, suivant une conception considérant que la transmission du savoir passait par l’écrit mais aussi par l’image. Cette bibliothèque-musée, léguée à la Ville de Carpentras en 1757, continua à se développer, grâce à des dons, dépôts de l’Etat et nouvelles acquisitions. Se constitua ainsi un ensemble regroupant une bibliothèque, des archives, un fonds écrit et graphique, ainsi que des objets et œuvres exposés en plusieurs lieux thématiques : le musée Comtadin-Duplessis, le musée Sobirats et le musée lapidaire.

L’ancien hôtel de Rochegude et ces trois musées qui abritaient ces collections depuis les XIXe et XXe siècles, ne satisfaisaient plus aux conditions de conservation des fonds et à l’accueil du public. Devenue, en 2002, propriétaire de l’Hôtel-Dieu, également fondé par Monseigneur d’Inguimbert, la municipalité a décidé de transférer la bibliothèque-musée Inguimbertine dans cet écrin et de valoriser cette entité aujourd’hui unique.

Une campagne pluriannuelle de restauration des collections au CICRP

Un chantier de restauration au long cours a été lancé dans ce cadre. Depuis 2004, le CICRP accueille les œuvres peintes et graphiques de l’institution. Plus de 200 œuvres y ont été restaurées, dont 65 pour la seule campagne 2020, toujours en cours. Une trentaine de conservateurs-restaurateurs – implantés en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Auvergne-Rhône-Alpes ou en région parisienne et habilités à travailler sur les collections des Musées de France, au titre du Code du Patrimoine – sont intervenus sur ces biens culturels.

Des tableaux de nombreux artistes s’y sont succédé : Joseph-Siffred Duplessis, Denis Bonnet, Etienne Parrocel, Paul Flandrin, Eugène Isabey, Paul Vayson, Jean-Joseph Bonaventure Laurens, Alexandre Cabanel, Eugène Carrière, Pierre Paul Rubens, François-Marius Granet, Pierre Subleyras – pour n’en citer que quelques-uns.

Le séjour de ces œuvres au CICRP a non seulement permis une meilleure gestion des restaurations en les rassemblant en un seul lieu, mais aussi une documentation optimale, grâce à la réalisation d’un dossier d’imagerie scientifique pour chacune : photographies en lumière directe et semi-rasante, en noir et blanc, sous rayonnement ultraviolet et infrarouge.

Certaines ont bénéficié d’analyses plus poussées, telles que des réflectographies et des radiographies. D’autres ont fait l’objet d’études scientifiques, permettant notamment d’identifier des repeints et des vernis. C’est ainsi qu’a pu être mise en évidence la présence d’un vernis avec une résine alkyde modifiée aux huiles siccatives sur une grande partie de la collection. Ce point s’est montré important dans l’assistance à la restauration pour comprendre le phénomène de gonflement des vernis et adapter un protocole de nettoyage.

Depuis novembre 2017, avec l’inauguration de la bibliothèque multimédia, certains tableaux restaurés sont désormais visibles du grand public.

La campagne de restauration 2021-2022, avec ses 70 tableaux, marque la fin du programme de restauration lié au transfert de la bibliothèque-musée vers l’Hôtel-Dieu, en vue d’une ouverture en 2023 de l’exposition permanente et des espaces réservés à la consultation des fonds anciens.

Quelques œuvres de la bibliothèque-musée Inguimbertine restaurées ou en cours de restauration au CICRP :

Le Courrier de Chine sortant du port de Marseille avant restauration
Le Courrier de Chine sortant du port de Marseille après restauration

Clément, Le Courrier de Chine sortant du port de Marseille, XIXe siècle, huile sur toile, 90 x 150,5 cm
Avant et après restauration
Photographies : CICRP – C. Martens

Guerrier persan avant restauration
Guerrier persan après restauration

Anonyme, Guerrier persan, fin XVIIIe-début XIXe siècle, huile sur toile, 179 x 97,7 cm
Avant et après restauration
Photographies : CICRP – C. Martens

Les adieux de Diane et Endymion avant restauration
Les adieux de Diane et Endymion après restauration

Anonyme, Les adieux de Diane et Endymion, XVIIIe siècle, huile sur toile, 103,8 x 128,5 cm
Avant et après restauration
Photographies : CICRP – Y. Inchierman

La Tour Philippe Le Bel avant restauration
La Tour Philippe Le Bel après restauration

Paul Saïn, La Tour Philippe Le Bel, XIXe siècle, huile sur toile, 73 x 117 cm
Avant et après restauration
Photographies : CICRP – C. Martens

L'Adoration des Mages avant restauration

Jean Changenet, L’Adoration des Mages, XVe siècle, huile sur bois, 232 x 204 cm
Avant et en cours de restauration
Photographies : CICRP – E. Hubert-Joly

Pour découvrir l’histoire matérielle d’une œuvre de la bibliothèque-musée Inguimbertine restaurée au CICRP :
Une restauration surprenante pour l’Inguimbertine

29/04/2022