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Restitution numérique et restitution expérimentale de closoirs

Début du programme : 2022

CICRP : Sarah Boularand, Odile Guillon
Partenariats : Laurent Girousse de l’Association internationale de recherche sur les charpentes et plafonds peints médiévaux (RCPPM) et Maud Mulliez de l’ARSCAN (Archéologies et Sciences de l’Antiquité – CNRS)

Depuis plusieurs années et notamment sous l’impulsion de la RCPPM, l’étude des plafonds peints médiévaux suscite un intérêt croissant au sein d’une communauté pluridisciplinaire européenne, constituée entre autres d’historiens, d’historiens de l’art, d’architectes, d’archéologues et de scientifiques du patrimoine.
 
En 2016, la collaboration entre le CICRP et la RCPPM a donné lieu à l’organisation, à Marseille et Fréjus, des 9e rencontres annuelles de la RCPPM sur le thème : « Connaissance, conservation et restauration des plafonds peints médiévaux en Europe : méthodes et approches scientifiques ». Ces rencontres ont permis une valorisation des méthodes et analyses scientifiques dans l’étude des plafonds peints et ont suscité une volonté de poursuivre cette enrichissante coopération interdisciplinaire.     
 
Classés au titre des monuments historiques depuis février 2013, les closoirs du plafond peint médiéval de l’ancienne maison du Viguier à Puisserguier (34) ont fait l’objet d’une étude physico-chimique des matériaux et d’une campagne d’imagerie menées par le CICRP entre 2015 et 2018.  

Ces closoirs présentent pour la plupart un état de dégradation avancé de la couche picturale qui rend difficile la compréhension et la lecture du décor peint dans son intégralité. Suite à une campagne de restauration, plusieurs de ces closoirs déposés ont fait l’objet d’une présentation muséographique inaugurée en septembre 2022 au château de Puisserguier, dans une salle qui leur est spécialement dédiée.
 
L’expérience de la muséographie de Puisserguier a mis au jour des difficultés de restitution pour le grand public de l’état initial d’un plafond. Ces difficultés résultent entre autres du respect des œuvres et de la déontologie de restauration face à des pièces en mauvais état. L’idée de proposer des restitutions par des moyens numériques ou d’expérimentations archéologiques a germé mais se heurte au peu d’expériences concluantes déjà réalisées et à la nécessité de redécouvertes des savoir-faire. Au-delà de la dimension pédagogique, les hypothèses de restitution d’un closoir ou d’une partie d’un plafond dans leur équivalent colorimétrique permettrait de mieux appréhender les closoirs et leur spatialisation et d’avoir une meilleure connaissance des techniques picturales.
 
En 2022, une réunion de réflexion s’est tenue sur les différentes méthodes de restitution et les contraintes qui leur sont liées.

En 2023, des essais ont été réalisés sur des planchettes de bois, en utilisant la palette de pigments mis en évidence par les analyses scientifiques de 2017, mais fournis par le fabricant de couleur industriel Kremer. Les protocoles ont fait varier les types de liants protéiques et de pinceaux pour l’application. Les variations du rendu sont observées et évaluées et permettent d’affiner les caractéristiques techniques et esthétiques des pigments utilisés. Un closoir représentant le blason d’Anne de Bretagne sur un fond de rinceaux rouges est réalisé sur une planche de pin rabotée, le résultat en cours est tout à fait satisfaisant. Ces essais ont été réalisés par Maud Mulliez, artiste-restauratrice et spécialiste de restitutions archéologiques, et les résultats ont été présentés au cours d’une réunion avec les membres de la RCPPM.