Longtemps oubliée, la cheminée se signale de manière inattendue à l’attention de l’administration des monuments historiques, lorsqu’en 1958 Louis Bourbon, recenseur des monuments historiques, est sollicité par le musée des Beaux-Arts de Philadelphie pour identifier le blason sculpté au centre de la hotte, et essayer de préciser la provenance de l’œuvre, offerte 30 ans plus tôt au musée sans la moindre documentation historique. L’identification de la famille Grimoard de Beauvoir du Roure permet de localiser le lieu d’où provient la cheminée, le château du Bosquet à Saint-Martin d’Ardèche.
Toujours en 1958, un examen mené par David DuBon, conservateur au département des arts décoratifs de l’institution, met en lumière l’histoire complexe de l’œuvre, composée de deux parties nettement éloignées dans le temps, entre les années 1520 et 1620, et présentant la trace de nombreuses interventions, parfois grossières. Ce constat conduit les administrateurs à renoncer à la présenter dans les collections, démarche qui conduira, 20 ans plus tard, à des discussions entre le musée de Philadelphie et le ministère français de la Culture pour la restitution de la cheminée à la France, restitution gracieuse à la condition qu’elle soit remontée dans son château d’origine.
Les caisses contenant les blocs sculptés sont débarquées au port du Havre en octobre 1998. Déposée dans les ateliers Jean-Loup Bouvier aux Angles (Gard), la cheminée fait l’objet d’un premier constat et d’un remontage à blanc des jambages et du linteau. En parallèle, une étude préalable à la remise en place de la cheminée, commandée en 2005 à Francesco Flavigny, architecte en chef des monuments historiques, a conclu qu’elle était complète et pourrait être réinstallée dans la grande salle de l’aile ouest du château du Bosquet. Outre l’étude architecturale, elle comportait une étude historique et des analyses dendrochronologiques des solives et des poutres du plafond.
A leur arrivée au CICRP en décembre 2020, les blocs sont déposés dans une grande salle spécialement aménagée, qui devient l’atelier pierre.
La cheminée remontée pour sa mise en vente (photographie, s.d., début des années 1920 ?).
MAP 1996/035/0002/00025 – Rights and Reproductions Photograph Collection, Philadelphia Museum of Art, Library and Archives
Dépose d’un bloc sur une palette de stockage.
L’atelier pierre après installation des blocs sur palettes et rangement des caisses.
Crédits : CICRP – O. Guillon