Diagnostics non destructifs des peintures sur bois
Début du programme : 2017
CICRP : Nicolas Bouillon
Partenariats : Laboratoire GRESPI-ECATHERM, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA), François Duboisset (conservateur-restaurateur)
La conservation des peintures sur bois reste aujourd’hui une problématique complexe, notamment pour les œuvres conservées dans les monuments historiques, particulièrement exposées aux facteurs de dégradation environnementaux. Les importantes variations thermohygrométriques que celles-ci peuvent subir, engendrent des changements dimensionnels du support bois qui constituent souvent une cause d’altération supplémentaire de la couche picturale.
Dans ce contexte, les nouvelles techniques de diagnostic non destructif (imagerie multispectrale, techniques interférométriques, caractérisation dimensionnelle 2D/3D, suivi déformationnel), sont de plus en plus utilisées, notamment pour caractériser et suivre l’évolution des altérations.
Dans le cadre de ce programme, le CICRP se positionne sur deux axes principaux :
1. L’évaluation de l’apport de la thermographie infrarouge stimulée pour la caractérisation des défauts structurels et des altérations du support bois et de la couche picturale
Les recherches sur l’utilisation de le thermographie infrarouge appliquée à la conservation-restauration des peintures sur bois sont menées en collaboration avec l’université de Reims Champagne-Ardenne et Kamel Mouhoubi docteur en thermique (URCA). Depuis 2018, plusieurs stages de master 2 et contrats ont été effectués au CICRP. Plusieurs expérimentations ont été réalisées en 2019 et 2020 sur des éprouvettes de peintures sur bois afin dévaluer dans un premier temps l’impact de la composition des matériaux du support et de la couche picturale, de la technique picturale, et des paramètres d’acquisition en thermographie infrarouge stimulée sur les résultats de l’imagerie thermique de la structure et des défauts de l’œuvre. Les travaux se sont poursuivi ensuite par la mise au point des protocoles d’analyse sur le prototype automatisé développé dans le cadre du programme « Thermo-Art », développé avec le support de la SATT Nord. Les objectifs étaient d’une part de tester les différents modes d’acquisition automatique (gestion et synchronisation des éclairages, fréquence d’échantillonnage, etc.) et d’autre part de mettre en place des protocoles de traitement des thermogrammes utilisant les outils mathématiques et statistiques du logiciel IR Explorer, spécifiquement développé, sous la direction de Jean-Luc Bodnar de l’URCA. En 2022, le nouveau dispositif a été utilisé pour l’analyse sur trois peintures sur bois actuellement en restauration dans les ateliers du CICRP :
En 2023, les résultats obtenus lors de cette dernière campagne d’acquisition ont fait l’objet d’un rapport de 62 pages et d’une conférence Parlons-en au CICRP le 23 novembre. En octobre 2023, le dispositif « Thermo-Art » a été également utilisé pour le diagnostic des altérations dans le cadre d’une étude préalable à la restauration de deux monochromes mats monumentaux de la Fondation Vasarely à Aix-en-Provence. L’objectif était de visualiser à travers le support staff les montant en bois de la structure du coffrage sur lequel les œuvres sont réalisés et ainsi de discriminer les soulèvements et perte de matière résultant des transformations physico-chimiques inhérentes à la composition de la couche picturale, de ceux qui sont dus à l’action des mouvement de la structure du support.
2. La caractérisation et le suivi des déformations dimensionnelles des œuvres soumises à des contraintes thermo-hygrométriques par l’utilisation de capteurs de déformation.
Concernant les recherches sur les variations dimensionnelles des œuvres sur bois, de premiers tests de détection des changements dimensionnels avaient été effectués en 2021 sur le retable d’Usson, actuellement restauré au CICRP par François Duboisset, conservateur-restaurateur indépendant. Encouragé par de premiers résultats intéressants, les travaux se sont poursuivis en 2022 par une série d’expérimentations en laboratoire sur des éprouvettes de chêne. Les travaux se concentrent dans un premier temps sur la mise au point du protocole de pose des capteurs par collage, entièrement réversible. Ces expérimentations visent également à caractériser le temps de réponse et l’amplitude du signal des capteurs en fonction de variations hygrométriques générées en atmosphère contrôlée. En 2023, le CICRP a mis au point une vitrine test utilisant une technologie de régulation de l’hygrométrie par membrane polymère électrolytique. Cette nouvelle enceinte permettra de contrôler plus précisément les contraintes hygrométriques auxquelles sont soumises les éprouvettes instrumentées.